Les camarades abandonneront-ils l’international ?

Publié le par Sébastien Leprat

21 avril 2005

Toujours plus présents dans des institutions libérales, les socialistes suisses n’assument pas la rupture avec le marxisme

Aux responsabilités gouvernementales, le PSS entonne toujours l’international dans les assemblées. Plus personne ne croit à la lutte finale mais les vieux réflexes perdurent. A la différence des autres camarades européens, le PSS démontre qu’il n’a pas achevé sa mue démocratique.

Au début de ce nouveau millénaire, il existe pour les partis des symboles embarrassants. Le spectre du fascisme pour les nationalistes, les dérives boursières pour les libéraux ou le « C » pour l’extrême centre, présentent des inconvénients dans la communication quotidienne. Chacun porte sa croix.

La politique est donc faite de symboles. Les socialistes n’échappent pas à la règle. Pendant que l’UDC célèbre Guillaume Tell, les socialistes s’égosillent avec l’international. Il est néanmoins pinçant de voir des ministres en exercice chanter fièrement des refrains révolutionnaires. Il paraîtra de plus en plus anachronique d’observer des responsables d’exécutifs socialistes jouer les chantres de la rigueur budgétaire après un bain de foule d’essence marxiste.

Baignés dans une culture politique qui glorifie la puissance, de nombreux socialistes devenus magistrats sont donc contraints d’accepter les lois de l’équilibre. Prisonniers d’un système libéral qui privilégie le dialogue sur l’idéologie, les conflits sont programmés. Bien entendu, une rhétorique empreinte de lutte des classes continuera d’alimenter l’action politique de nos nouveaux maîtres. Dans les faits, en termes de politiques publiques, rien ne pourra néanmoins aller à l’encontre d’une quête incessante de liberté. Pour vendre des projets fiscaux, monsieur le conseiller d’Etat Maillard a beau user d’une rhétorique populo-marxiste en affirmant que les millionnaires devront se passer d’un expresso par semaine, rien n’y fait. Sur le fonds, rien ne bouge. Le pays de Vaud reste insensible à de tels arguments et rejette en bloc la hausse d’impôts.

Confrontée aux réalités dans les exécutifs, la gauche doit donc cesser d’adopter un discours de rupture. Elle devra s’appliquer à rassembler plutôt qu’à opposer. La lutte des classes butte sur les exigences gouvernementales. A défaut d’agir ainsi, les forces de gauche risquent de créer une scission entre la forme et le fonds. En pratiquant l’art du double discours, les camarades pourraient aggraver un sentiment latent de défiance vis-à vis du politique.

Allez camarades, après votre conversion à l’économie de marché, encore un petit effort ! Abandonnez donc l’international !

Publié dans politics

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