Une technocratie désavouée

Publié le par Sébastien Leprat

28 avril 2005

Les votations cantonales dans les cantons de Vaud et de Genève appellent des réponses politiques

Sous la pression des freins budgétaires constitutionnels, les autorités accouchent de projets technocratiques. Les corrections budgétaires ne mobilisent pas les citoyens. Les enjeux de société sont à peine perceptibles. Les récentes votations cantonales illustrent cette tendance. Parlements et Gouvernements sont sanctionnés pour leur manque de créativité.

Les Genevois comme les Vaudois viennent de se prononcer sans enthousiasme sur des projets techniques d’assainissement budgétaires. Le message politique n’est pas passé. Baisser les dépenses et augmenter les recettes ne passionne pas les foules.

Les gouvernements sont donc invités à formuler des choix clairs. Pour l’équilibre des finances, il faudra donner de l’angle dans le débat public. Inutile de chercher à inventer la roue, les recettes sons vieilles comme le monde. Dans la rhétorique fiscale, elles s’appellent progressivité versus proportionnalité, impôts directs versus impôts indirects (…). En termes budgétaires, elles empruntent les oppositions entre interventionnistes et libéraux. Même si ces clivages paraissent dépassés face à la complexité des enjeux actuels, ils offrent le mérite de structurer le débat public. Ils constituent des grilles de lecture classiques autour desquelles l’opinion publique réagit avec vigueur.

N’en déplaise aux philosophes en mal d’idées, nous n’assistons pas à la fin de l’histoire. Si la chute du mur de Berlin offre au libéralisme de nouveaux champs d’exploration, elle ne consacre pas son hégémonie. Les néo-marxistes sont revanchards. Ils s’appliquent minutieusement à ériger des interdictions et à augmenter la dépense publique. Même si elle est diffuse, l’opposition classique entre libéraux et keynésiens est bien vivante. Les ressentiments actuels de la gauche française vis à vis des critères de convergence économique du traité de Maastricht le prouvent. En attaquant de manière compulsive le libéralisme à chaque prise de parole, les socialistes français raniment en effet des clivages que nous jugions (à tort) dépassés.

A gauche, les parenthèses Schroeder et Blair semblent donc se refermer. Dans un tel contexte, abandonner les clivages traditionnels au profit d’une approche technique désincarnée, c’est faire le lit d’une gauche décomplexée. Dans les cantons de Vaud et de Genève, le retour du politique est donc annoncé. Les oppositions classiques vont reprendre le dessus et effacer ainsi le règne d’une technocratie gouvernementale bienveillante. A l’avenir, le citoyen n’entend pas intervenir en qualité de comptable public. Il souhaite se mobiliser autour de projets de société.

Publié dans politics

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