De l’Etat providence à l’Etat connivence ?

Publié le par Sébastien Leprat

24 mars 2005

 

Bilan de session : L’UDC et le PS définissent une nouvelle forme d’intervention de l’Etat

Les complices en polarisation UDC/PS dessinent les contours d’une nouvelle forme d’intervention de l’Etat. Par le biais d’ententes stratégiques (programme d’armement ; AVS…) non accompagnées d’une volonté de trouver des solutions concrètes, ils contraignent l’Etat à adopter une logique de connivence.

Autrefois tenté par la construction de solutions « englobantes », c’est à dire réunissant la plupart des acteurs du débat dans le souci de servir l’intérêt général, l’Etat est sommé d’agir différemment. Avec la logique prônée par l’UDC et le PS, il est invité à intégrer telles quelles les solutions concoctées par les idéologues de la polarisation. Dans son fonctionnement, l’Etat n’a donc plus le choix : Il est condamné à entretenir une connivence avec ces acteurs du débat. Au diable la cohérence. Le peuple appréciera le cocktail !

L’Etat instrumentalisé

L’Etat providence, renaît sous une autre forme. Il ne sera dorénavant plus soucieux du bien être collectif mais plutôt attentif aux revendications catégorielles et partisanes. Grâce aux complices en polarisation, il devra s’attacher à traduire mot pour mot les exigences de la gauche conservatrice comme celles de la droite nationaliste. Pour le couple UDC/PS, la conception classique d’un Etat libéral, arbitre des conflits, bâtisseur de solutions, est dépassée. L’administration doit devenir une caisse d’enregistrement des doléances, le bras armé d’une culture militante, l’exécutante des idéologies. A plusieurs reprises, pendant la session du mois de mars, l’Etat a été instrumentalisé à ces fins.

 

 

Le peuple n’appréciera pas l’incohérence

Les résultats d’une telle politique sont condamnés à l’échec devant le peuple.

Le copié-collé des positions UDC/PS va engendrer des projets totalement incohérents. Imaginons un projet de loi qui sacraliserait l’armée de milice (en offrant à chaque citoyen une arme à la naissance ?), tout en engageant des troupes armées de fleurs (à défaut de fusils…) pour des missions de maintien de la paix à l’étranger. Imaginons une prévoyance vieillesse qui associerait la cagnotte de la BNS à la baisse de l’âge de la retraite, une assurance partiellement financée par des bas de laine conservés dans les coffres de la banque nationale et distribuée au détriment des jeunes actifs, condamnés à cotiser pour un système dont il ne bénéficieront probablement jamais…

L’Etat connivence souhaité par le couple UDC/PS n’offre donc aucune alternative crédible. Tant que ces deux formations poursuivront un dialogue de sourds, tant qu’elles s’attacheront à privilégier le jeu partisan face à l’intérêt général, le peuple opposera une fin de non recevoir en votation.

Si les fameux « effets multiplicateurs » de l’Etat providence des années 70/80 ne sont plus à l’ordre du jour, le rôle de l’Etat comme arbitre des conflits est plus que jamais d’actualité. Sa mission politique de régulation des pouvoirs est seule garante de la réforme.

 

 

 

 

 

Publié dans politics

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