Bortoluzzi ou l’aveu d’impuissance gouvernementale de l’UDC

Publié le par Sébastien Leprat

3 mars 2005

Le week-end passé, l’UDC a échoué dans sa stratégie de conquête du pouvoir gouvernemental à Zürich. Sans doute peu enclins à élire un « stratège » aux responsabilités, les Zürichois ont préféré le candidat PDC Hans Hollenstein : Un signe tangible d’une autorité chancelante.

Les limites des « bateleurs »

T. Bortoluzzi, l’homme dont la virilité était jadis révélée avec élégance par le « bateleur » de Savièse, n’a pas réussi à convaincre les Zürichois. Comme représentant de l’aile dure de l’UDC, il offre peu de gage pour l’accession au conseil d’Etat.

Cet échec est une défaite cuisante pour la droite extrême. T. Bortoluzzi est un pur produit maison. Façonné aux joutes populistes par l’équipe dirigeante de l’UDC, T. Bortoluzzi incarne à merveille la tendance Blocher qui dicte le ton chez les agrariens. Passé maître dans la simplification vulgarisée, il s’est notamment spécialisé dans l’art de délivrer des uppercuts sur le ring de l’arena. Cette façon d’agir est privilégiée pour la formation des cadres dirigeants UDC. Aveuglée par la soif de pouvoir, la droite extrême n’a pas pour ambition d’assumer les responsabilités et de servir l’intérêt général.

Une inculture politique dévoilée

Au-delà des idées politiques défendues par la droite extrême, cette défaite est donc l’expression d’une inculture politique profonde. Un gouvernement doit garantir l’ordre et l’application des lois. Il est le garant de la stabilité démocratique. Ceux qui entendent agir en son sein doivent donc faire allégeance à ces prescriptions légales. L’UDC néglige profondément cet héritage démocratique et souhaite imposer les codes de la « Stammtisch » dans les enceintes de décision. Inconsciemment, l’univers du jass transcende les règles républicaines.

Au lendemain des élections fédérales, Yves Christen qualifiait à juste titre la victoire de l’UDC comme étant une défaite de la subtilité. En refusant de confier à T. Bortoluzzi une charge gouvernementale qui exige du doigté dans la gestion des équilibres institutionnels, les Zürichois refusent d’accorder du crédit à ce manque de subtilité. Ils délivrent donc un carton rouge à l’inculture politique de la droite extrême.

Publié dans politics

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