La renaissance de la participation entre les mains de la CDIP

Publié le par Sébastien Leprat

9 février 2006

Depuis le référendum lancé par les cantons contre le paquet fiscal, la complexe mécanique institutionnelle est grippée, le mouvement démocratique né de 1848 est freiné. A l’approche d’une votation importante pour l’avenir de notre école, la conférence des directeurs de l’instruction publique (CDIP) a l’occasion de renouer avec l’héritage de la participation. Pour le moment, elle pointe aux abonnés absents…

C’est à travers de nombreux sujets concrets que notre pacte fédéral s’enrichit. Jamais à cours d’envies démocratiques, toujours soucieuses de privilégier le dialogue, nos institutions cantonales et fédérales ont par exemple patiemment créé un réseau d’infrastructures performantes et désormais intimement liées à nos sentiments patriotiques. Tout au long de son histoire, la Suisse a toujours minutieusement construit son identité grâce à un mouvement provenant du bas vers le haut. Jamais lassés par les anglicismes, les techniciens du droit constitutionnel résument ce débat en employant les termes de dynamique « bottum up » face aux logiques centralisatrices dites, « top down ». En préparant une grande réforme de notre politique fiscale, le Parlement a commis l’erreur de négliger ce facteur culturel. Toujours plus soucieuses de répondre aux exigences d’un monde à grande vitesse, les chambres fédérales se sont en effet heurté à cette constante historique en proposant au peuple des solutions fiscales peu compatibles avec la pratique confédérale de la participation. Le Parlement fédéral et les responsables de nos écoles dans les gouvernements cantonaux ont retenu la leçon. Avec précision et patience, ils ont construit une solution intelligente qui permettra d’enclencher une saine dynamique de réforme pour notre école. Les cantons ont pris conscience des limites de leurs influences territoriales, et la Confédération a respecté la diversité politique de notre pays. Lors de cette campagne, les cantons, par la voie de la CDIP, seront donc en première ligne. Ils jouiront d’une occasion exceptionnelle de démontrer qu’ils s’inscrivent à nouveau dans la dynamique de réforme qui fonde notre génie politique. Ces dernières années, ils donnent malheureusement l’impression de privilégier le réflexe de la main tendue face à l’héritage de la participation. Cette fois-ci, grâce à l’engagement salutaire de la CDIP dans le débat sur l’école au Parlement Fédéral, ils ont démontré qu’ils n’étaient pas passifs, qu’ils étaient disposés à tourner la page du paquet fiscal et à renouer avec l’esprit de 1848. Malheureusement, à l’approche de la votation scolaire sur l’harmonisation, la CDIP reste pour le moment muette. Espérons que son silence n’est pas l’expression d’une approche conservatrice morte au lendemain du Sonderbund…

Publié dans politics

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