Le principe de précaution: Un anesthésiant inflationniste ?

Publié le par Sébastien Leprat

2 mars 2006

Mal interprété, le principe de précaution tue le débat et gonfle stérilement les budgets publics

En quelques jours, la grippe aviaire a fait ses premières victimes. Après avoir contaminé notre liberté d’expression elle s’occupe dorénavant du contribuable. Le matraquage médiatique est comme souvent relayé par une administration avide de reconnaissance budgétaire.

Le malheureux volatile venu terminer ses jours sur les rives du Léman entre donc dans l’histoire. Il sera probablement jugé comme étant le facteur déclenchant d’un train de mesures drastiques déployées par les autorités afin de se prémunir d’une pandémie mortelle. Au-delà de son impact sur les politiques publiques, il sera également l’initiateur d’un débat de société qui voit les valeurs libérales bousculées par le prêt à penser et l’emprise de l’Etat. Au sommet de la vague médiatique, le vaillant canard venu de l’est a bénéficié d’obsèques nationales. Lors de la mise en bière médiatique, la pensée unique s’est également chargée de glisser dans son cercueil l’esprit critique. La grippe aviaire est décrite comme étant un fléau. Personne n’est réellement capable de juger son évolution mais à quoi bon ! Elle dispose d’un puissant relais d’opinion, d’un vecteur de la peur efficace dans un débat public dominé par le conservatisme : Le principe de précaution.

Avec le renfort des communicants administratifs, le principe de précaution s’appuie d’autre part sur des acteurs centraux dans le jeu politique confédéral. Sa traduction matérielle et pécuniaire est assurée par les chefs d’orchestre du plan comptable. En agitant de sombres perspectives statistiques (prévision de 10 000 morts communiquées dans la presse par le directeur de l’Office fédérale de la santé publique), ils s’assurent un bol d’oxygène budgétaire à peu de frais intellectuels. Bien compris, le principe de précaution influencerait pourtant positivement le débat. Il offre en effet la possibilité d’inviter le souverain à bien mesurer sa responsabilité, à bien peser les conséquences de son action. Gustave Le Bon précisait d’ailleurs que « l’anarchie est partout quand la responsabilité est nulle part ». En ce sens, le principe de précaution est un partenaire démocratique constructif. Néanmoins, le bon sens rousseauiste  rappelle également que « ce sont les petites précautions qui conservent les grandes vertus ». Une réflexion à méditer du coté de l’office fédéral de la santé publique…

Publié dans politics

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