Le retour de Don Camillo

Publié le par Sébastien Leprat

6 octobre 2005

La gauche et l’église unis pour de nouveaux combats moralistes

Au gré des objets politiques et des intérêts, les alliances partisanes se constituent parfois en dépit du bon sens. Parmi les grands classiques de la vie politique, nous sommes dorénavant habitués au couple conservateur UDC/PS. Adversaires dans la rhétorique, ils excellent ensemble dans l’opportunisme électoral.

Grâce à l’activisme de l’entente nationale-socialiste contre les accords bilatéraux, Genève offrait d’ailleurs récemment une superbe illustration de ce phénomène. La complicité des extrêmes, sans cesse dénoncée par le PRDS aux chambres fédérales depuis longtemps, se dévoile au grand jour.

 

 

Lors de la session parlementaire d’automne des chambres fédérales, la gauche a flirté avec l’église et renoue ainsi avec d’anciens amours. Que ce soit contre l’extension des horaires d’ouverture des commerces dans les gares ou contre la loi sur l’asile, l’approche moraliste est dominante. Il y aurait d’un coté les gentils, l’incarnation de la pureté spirituelle qui rejette toutes formes d’autorité ou de consumérisme. De l’autre coté, séviraient les méchants, transformés pour la circonstance en tortionnaires de requérants d’asile ou en capitalistes débridés qui auraient pour mission de casser la paix du travail.

Peppone et Don Camillo sont de retour. Grâce aux actions concertées de la gauche et de l’église, le monde serait donc de nouveau binaire. Les citoyens devraient courber l’échine face à la logique de blocs. Jadis enivré par la confrontation politique est/ouest, le moralisme renaît sous de nouvelles formes. A des fins politiques, il exploite insidieusement un retour annoncé du sentiment religieux. Porte voix du néo-conservatisme qui sévit outre atlantique, le clergé associe ses forces à celles du PS. Ensembles, ils prêchent pour un retour de l’ordre moral. Face à cette nouvelle forme d’angélisme conservateur, les radicaux peuvent méditer la pensée suivante de l’écrivain espagnol José Ortega Y Gasset : « Etre de gauche ou être de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offre à l’homme d’être imbécile ; toutes deux, en effet, sont des formes d’hémiplégie morale ».

 

 

Publié dans politics

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