Haro sur la socio

Publié le par Sébastien Leprat

25 août 2005

Quand la sociologie joue les premiers rôles

La science des phénomènes sociaux connaît un regain d’intérêt. Chaque parti politique détermine des groupes cibles, des catégories de citoyens sensés épouser les idées politiques professées dans les assemblées. Les professionnelles de la mercatique se frottent les mains mais la bataille des idées occupe toujours les premières loges.

Ainsi, la gauche et les radicaux viseraient des citoyens urbains, jeunes, bien formés, tandis que les conservateurs agrariens et PDC orienteraient leurs priorités vers les campagnes et les personnes âgées. Les modes de vie, les attitudes, voire même les cultures, n’échappent pas à l’œil critique du sociologue. La médiatisation croissante amplifie son travail. L’approche cognitive est donc tentante.

Déjà en vigueur depuis longtemps outre atlantique, cette conception semble gagner les officines politiques helvètes. Les étiquettes politiques constituent la face visible d’opérations de charme engagées auprès de groupes sociaux supposés homogènes. Au centre du centre, le nouveau positionnement « social-libéral » masque par exemple une intention de séduire les petites et moyennes entreprises tout en flattant le salariat. A la droite de la droite, le sobriquet « libéral-conservateur » s’adresserait aux milieux économiques comme aux nationalistes et aux mères de famille consciencieusement attachées à leurs fourneaux. A gauche, l’affrontement entre socialistes et sociaux-démocrates permettrait de préserver une entente chahutée entre syndiqués et bobos. Au centre-droit, la jeune femme urbaine incarnerait la réussite, le symbole d’une mentalité libérale authentique.

Ces images sont utiles. Elles permettent de forger des identités, de renforcer l’esprit de groupe, de stimuler des sentiments d’appartenance, de gérer des tensions au sein des groupes. D’autre part, elles répondent à une demande d’un citoyen-consommateur de plus en plus individualiste, habitué à projeter ses désirs les plus simples dans ses choix quotidiens. La sociologie livre donc de nouvelles armes mercatiques. Elle n’écartera toutefois jamais la bataille des idées politiques. Trop épris de liberté, l’individu n’acceptera jamais de se soumettre aux règles d’un groupe social prédéfini.

Publié dans politics

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